Une étude fascinante publiée dans Fungal Ecology révèle que le champignon Phanerochaete velutina semble capable de percevoir et de s’adapter à différentes configurations spatiales de ressources, suggérant une forme primitive d’intelligence chez cet organisme dépourvu de cerveau.
Phanerochaete velutina
Les recherches menées par Yu Fukasawa et son équipe de l’Université de Tohoku au Japon mettent en lumière les capacités cognitives surprenantes de Phanerochaete velutina, un champignon décomposeur de bois dans les forêts tempérées.
Ce champignon, qui ressemble à du velours blanc ou orange, est composé d’un réseau de filaments appelé mycélium. L’étude révèle que P. velutina peut distinguer différentes dispositions spatiales de ses voisins et ajuster son comportement en conséquence, suggérant une forme de cognition primitive.
- Le mycélium se développe à partir du bois, cherchant d’autres sources de bois à coloniser ;
- Les champignons, selon Fukasawa, « ont des mémoires, ils apprennent et peuvent prendre des décisions » ;
- Cette découverte s’inscrit dans une série d’études remettant en question notre compréhension de l’intelligence fongique.
Méthodologie de l’Expérience
L’équipe de recherche a conçu une expérience ingénieuse pour étudier les capacités cognitives de Phanerochaete velutina. Neuf blocs de bois préalablement colonisés par le champignon ont été disposés selon deux configurations distinctes : un cercle et une croix.
Les scientifiques ont ensuite observé et documenté méticuleusement l’évolution du mycélium au fil du temps, en se concentrant particulièrement sur les jours 13 et 34 de l’expérience.
- L’hypothèse de départ : si le champignon était incapable de percevoir son environnement, il se propagerait de manière indifférenciée
- Observation minutieuse de la croissance et des connexions mycéliennes entre les blocs de bois
- Comparaison des schémas de croissance entre les deux configurations spatiales
Résultats et Comportement Adaptatif
Les résultats de l’expérience ont révélé un comportement adaptatif remarquable du Phanerochaete velutina. Dans la configuration circulaire, le mycélium a formé des connexions équilibrées entre les blocs et a exploré uniquement vers l’extérieur du cercle, laissant l’intérieur vide au 116e jour.
Pour l’arrangement en croix, les quatre blocs aux extrémités ont développé le plus de connexions mycéliennes, avec des filaments exploratoires s’étendant vers l’extérieur depuis ces points.
Ce comportement différencié suggère que le champignon est capable d’optimiser sa stratégie de croissance en fonction de la disposition spatiale des ressources.
- Connexions mycéliennes uniformes dans la configuration circulaire ;
- Exploration concentrée aux extrémités dans la configuration en croix ;
- Retrait des filaments excédentaires après la formation des connexions ;
- Comportement unifié du réseau mycélien après l’établissement des liens.
Implications et Perspectives Futures
Cette découverte sur les capacités cognitives de Phanerochaete velutina ouvre de nouvelles perspectives fascinantes pour la compréhension de l’intelligence primitive des organismes sans cerveau. Les chercheurs suggèrent que cette forme de reconnaissance pourrait être définie comme « la fonction sensorielle et de traitement de l’information des systèmes biologiques autonomes ».
Ces résultats pourraient avoir des implications significatives dans divers domaines :
- Développement d’ordinateurs bio-inspirés basés sur les réseaux mycéliens ;
- Approfondissement de notre compréhension des impacts écologiques des champignons ;
- Exploration de nouvelles approches pour étudier l’intelligence des organismes simples ;
- Remise en question des conceptions traditionnelles de la cognition dans le règne fongique.
